AEX
0.7600
Flanker poids plume capable de jouer centre, le Rochelais Oscar Jegou, véritable couteau suisse, est devenu indispensable sur le banc des Bleus, dans le sillage de performances abouties avec son club. De quoi revenir dans la lumière, après l'ombre de l'affaire de Mendoza.
Champion du monde U20 en juillet 2023, désormais titulaire indiscutable avec les Maritimes dont il a même endossé le rôle de capitaine, à 22 ans, Jegou voit sa carrière s'accélérer alors qu'elle aurait pu s'arrêter il y a un an et demi, lors de la tournée du XV de France en Argentine.
Un an après un contrôle positif à la cocaïne, dans un cadre festif et privé, qui lui avait valu un mois de suspension, le Rochelais est cette fois accusé, avec le deuxième ligne palois Hugo Auradou, de viols en réunion sur une femme de 39 ans. Le soir même de sa première sélection en Bleu, le 6 juillet 2024.
Inculpés pour viols aggravés puis placés en résidence surveillée, les deux joueurs avaient pu rentrer en France deux mois plus tard, avant de bénéficier d'un non lieu de la justice argentine en décembre. Non lieu confirmé en appel en février 2025.
Un recours en cassation a depuis été déposé par la plaignante en mars 2025 devant la cour suprême provinciale de Mendoza.
Alors qu'il s'apprête à entamer sa deuxième campagne européenne samedi, devant son public, contre Leicester, Jegou ne s'est jamais exprimé sur le fond de ce dossier. "Ce qui se passe autour (de l'affaire), ce n'est plus d'actualité. C'est tout", avait-il seulement lâché en septembre lors d'un point presse.
Et s'il a accepté un entretien avec l'AFP cette semaine, c'était à la condition expresse que cette affaire ne soit pas évoquée.
- "La peau sur les os" -
Plaqueur réputé, contreur en touche performant, le jeune flanker s'exprime surtout sur les terrains, où sa polyvalence est un atout: "C'est un avantage, on me l'a clairement dit", a-t-il reconnu, revenant sur ses deux piges en Bleu au poste de centre, 33 minutes lors de la victoire 42-27 en Irlande dans le Tournoi --avec un essai à la clé-- puis 50 minutes contre les Fidji en novembre (34-21).
Sur le banc des remplaçants pendant tout le Tournoi 2025 des Bleus, où il avait été rappelé par Fabien Galthié avant même l'épilogue sur le fond du dossier judiciaire de Mendoza, il a confirmé ce rôle de couteau suisse lors des tests d'automne.
"Quand on passe au centre, on a un peu moins de pression parce que ce n'est pas notre poste de prédilection, on joue un peu plus relâché", explique-t-il: "Je joue mon jeu en défense, où on n'a pas besoin de talent. Mais là où je trouve le poste très compliqué, c'est sur la redistribution et les défenses sur mêlée, où il y a vraiment beaucoup d'espaces, c'est vraiment très différent de 3e ligne".
Mais pour rester incontournable, il faudra encore bosser: "Maintenant il faut que je confirme que je peux être polyvalent, donc il y a double travail. Je l'ai prouvé, mais le plus important c'est de confirmer".
Avec ses 93 kg, l'international aux 9 sélections n'est pas le plus impressionnant. "Même en Top 14, il n'y en a pas" des gabarits comme ça, concède-t-il: "mais le poids ça ne me dérange pas tant que je gagne mes duels. (...) Maintenant, je suis conscient que pour se protéger physiquement et pour la récupération, c'est important d'être autour des 100 kg, mais je ne me prends pas la tête avec ça".
Pas le plus costaud donc, le jeune Rochelais a pourtant hérité du surnom de "brique" par le centre de l'UBB Nicolas Depoortere.
"J'ai trouvé ça drôle", reconnaît-il. "Je pense qu'ils me trouvent dur parce que j'ai la peau sur les os, donc peut-être que je suis un peu plus dur que les autres. Et si je dois monter en poids, ça sera petit à petit, ça sera le temps qui fera les choses".
D.Naveed--DT