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Le Premier ministre indien Narendra Modi s'entretient vendredi avec le président russe Vladimir Poutine, avec l'objectif de resserrer leurs liens face aux pressions américaines pour que l'Inde cesse ses achats de pétrole russe en pleine guerre en Ukraine.
Les dirigeants des deux pays, partenaires historiques, ont fait assaut d'amabilités dès l'arrivée jeudi soir de M. Poutine dans la capitale indienne.
Dans un entretien accordé à India Today avant son départ, le dirigeant russe s'est dit "très heureux" de revoir son "ami" M. Modi, en soulignant qu'il n'était "pas quelqu'un qui cède sous la pression".
Venu lui-même accueillir son "ami" à l'aéroport, le chef du gouvernement indien a loué "l'amitié indo-russe" qui, a-t-il souligné sur X, "est une amitié éprouvée par le temps qui a grandement profité à nos peuples".
Après un dîner privé jeudi soir, les deux hommes doivent se retrouver à la mi-journée pour deux heures de discussions, dont sont attendus quelques accords notamment en matière d'armement.
La visite de Vladimir Poutine intervient à l'heure où l'Inde entretient des relations difficiles avec les Etats-Unis, qui lui reprochent de financer l'effort de guerre russe en Ukraine en continuant à acheter à Moscou son pétrole brut à des prix particulièrement avantageux.
"Cette visite relève de la politique de diversification de l'Inde en termes de stratégie et d'économie, spécialement au moment où elle est mise en difficulté par les droits de douane imposés par les Etats-Unis", a relevé pour l'AFP Ashok Malik, du centre de réflexion Asia Group.
Fin août, Donald Trump a tapé du poing sur la table en imposant une surtaxe de 50% aux exportations indiennes, en pleines discussions bilatérales sur la signature d'un traité de libre-échange commercial.
Le locataire de la Maison Blanche a depuis répété avoir obtenu la promesse de Narendra Modi qu'il mettrait un terme à ses importations de brut russe, qui représentent 36% du volume de pétrole raffiné en Inde.
- Monde multipolaire -
New Delhi ne l'a jamais confirmé, mais ses achats ont diminué, selon la plateforme d'informations commerciales Kpler, et plusieurs groupes indiens ont annoncé qu'ils renonçaient à se fournir auprès de Moscou.
"Nous n'avons aucun doute quant au fait que ces échanges bénéficient largement à l'Inde et sont avantageux pour les deux parties", s'est toutefois plu à noter avant le voyage du président russe son porte-parole, Dmitri Peskov.
Jusqu'à ce jour, l'Inde a évité d'ouvertement condamner l'invasion de l'Ukraine, tout en réussissant à maintenir ses liens avec l'Europe et les Etats-Unis.
Narendra Modi n'a guère haussé le ton qu'en 2022 lors d'une rencontre en Ouzbékistan avec Vladimir Poutine, exigeant la fin de la guerre "le plus vite possible".
Il a depuis répété à de multiples reprises son attachement à un ordre mondial "multipolaire" et résisté aux injonctions occidentales à s'éloigner de la Russie.
Même si l'Inde s'est tournée récemment vers d'autres fournisseurs - dont la France - et privilégie les armes qu'elle produit elle-même, Moscou reste ainsi un de ses fournisseurs préférés d'armements.
Tirant les enseignements de la confrontation militaire avec le Pakistan en mai, New Delhi a manifesté son intérêt pour l'achat de nouveaux missiles sol-air russes de type S-400. "Il ne fait aucun doute que ce sujet sera évoqué pendant la visite", a affirmé M. Peskov.
La presse indienne a aussi souligné l'intérêt de l'armée indienne pour le chasseur russe de 5e génération Su-57.
MM. Modi et Poutine souhaitent également rééquilibrer leurs échanges commerciaux - 68,7 milliards de dollars, un record, sur l'année 2024-2025 - qui sont pour le moment très largement au bénéfice de la Russie.
B.Gopalan--DT