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Dans une église de Sumatra, des dizaines de fidèles protestants ont célébré Noël mercredi, premier office à se tenir depuis que des inondations meurtrières ont balayé l'île indonésienne.
L'église protestante d'Angkola, dans le district de Tapanuli Sud durement frappé par les inondations, était ornée de ballons et de modestes décorations de Noël.
Dehors, la rue était encore ensevelie sous des monceaux de décombres, de bois et de feuillage. De nombreux membres de la congrégation sont encore hébergés dans des centres de secours depuis les inondations qui ont ravagé l'île il y a un mois.
- "moment aigre-doux" -
Krismanto Nainggolan, un protestant, a trouvé Noël "différent" cette année, mais cela ne l'a pas empêché de ressentir de la joie dans ce moment aigre-doux.
"Les émotions sont ambiguës. Chaque mot du pasteur, dans son sermon, nous donnait envie de pleurer", confie-t-il à l'AFP après l'office. "Mais l'esprit de Noël (...) nous a donné de la force".
M. Krismanto a perdu sa maison dans les inondations, et nombre de ses voisins ont perdu la vie. Selon l'Agence nationale de gestion des catastrophes, 1.129 personnes sont mortes et plus de 170 autres sont toujours portées disparues.
Si la saison annuelle de la mousson charrie souvent de violentes pluies en Indonésie, ces dernières inondations figurent parmi les pires catastrophes que l'île de Sumatra ait connu depuis le tsunami dévastateur de 2004.
À Tapanuli Sud, Mea Rosmawati Zebua, une fidèle de l'église, ne s'attendait pas à pouvoir fêter Noël cette année.
- "nous repartons à zéro" -
"Auparavant, Noël, c'était la routine. Aujourd'hui, nous sommes très reconnaissants que Dieu nous accorde encore le souffle de la vie", explique à l'AFP cette femme 54 ans.
L'église d'Angkola célébrait généralement Noël en soirée, mais cette année l'office s'est déroulé l'après-midi pour éviter les pluies prévues en fin de journée, a expliqué le pasteur Yansen Roberto Ritonga.
En prévision de cette première célébration depuis la catastrophe, l'église a été débarrassée des épaisses couches de boue qui recouvraient encore le sol.
Des soldats et forces de l'ordre ont participé aux efforts pour déblayer les amas de débris et morceaux de bois flotté.
Mercredi après-midi, la cloche de l'église a sonné avant l'entrée du pasteur. Une trentaine de fidèles, chacun muni d'une bougie allumée, a chanté des psaumes de Noël.
Selon Mme Yansen, Noël cette année a été un moment de "réflexion" pour la congrégation.
M. Krismanto, lui, y voit un nouveau départ, malgré les dégâts considérables et le coût personnel de la catastrophe. "Nos espoirs reposent uniquement sur Dieu, car nous repartons à zéro (...) dit-il, "notre vie est renouvelée".
Y.Sharma--DT